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Un mois s'était passé depuis la mort de M. de Lamerville, on n'avait point encore reçu de nouvelles du général: son silence commençait

Quel dommage que Léon ne soit pas ici! s'écria madame de Saint-Elme en s'approchant, il nous déclamerait le magnifique épisode des Géorgiques. Combien ne serait-il pas agréable d'entendre un bel ouvrage dans ce beau lieu! J'ai, dans ma poche, un volume de la meilleure traduction du Paradis perdu, dit le général; voulez-vous que je vous en lise quelques passages? La proposition fut accueillie, un siége de verdure reçut les dames. M. de Lamerville s'assit

Les personnes exaltées sont capables de prendre des résolutions extrêmes dans un moment d'enthousiasme ou de courroux, et de les maintenir, quelque douleur qui leur en coûte, quand elles y croient leur honneur attaché. Madame de Simiane pensait que le sien exigeait qu'elle ne revît pas M. de Lamerville, et se félicitait d'une démarche qui ne lui laissait aucun moyen de retour vers lui. Elle était soutenue dans son pénible sacrifice par l'idée qu'il était un hommage

Les détails que M. de Lamerville reçut de la bouche de son fidèle serviteur, le confirmèrent dans l'opinion que la marquise avait de puissans motifs de se cacher. La persécution dont il la crut victime augmenta son amour.

Les attentions que madame de Simiane avait pour M. de Lamerville, lui inspirèrent pour elle une vive reconnaissance. Quoiqu'il fût infirme et octogénaire, il était d'une société agréable; son esprit s'était conservé dans toute sa force; il avait de la gaîté, et semait sa conversation d'anecdotes piquantes, qu'il racontait avec grace. Rien n'est plus intéressant que l'entretien d'un vieillard aimable et disert, qui a beaucoup vu, beaucoup entendu, beaucoup observé, et qui vous met dans toutes ses confidences: vous apprenez souvent plus de choses avec lui en quelques heures, que la lecture et les réflexions ne vous en apprennent en quelques mois. Madame de Simiane se plaisait d'autant plus avec M. de Lamerville, qu'il avait du goût pour la poésie; il se souvenait, avec un plaisir mêlé d'un peu de vanité, qu'il avait fait agréer plus d'une fois son amoureux hommage,

Quand elle eut revêtu son nouveau déguisement, elle chercha M. de Lamerville, et le vit qui prenait le chemin de la loge il l'avait laissée. courez-vous, beau masque, lui dit-elle, ne peut-on vous arrêter un instant? Cette voix m'enchaînera toujours, répondit-il; mais pourquoi paraître sous une nouvelle forme? M'auriez-vous fait l'injure de penser que je me méprendrais

M. de Lamerville était aux pieds de madame de Simiane, mais il lui renouvelait en vain le serment de l'aimer toujours. Elle ne l'entendait pas, et ne lui répondait que par des mots sans suite, qui peignaient sa terreur. La contrainte qu'elle s'était imposée dans le commencement de son entretien avec son amant, l'effort inoui qu'elle s'était fait pour lui déclarer son nom, l'avait jetée dans un accès de délire qui devint bientôt effrayant. Madame de Saint-Elme la fit porter dans son lit. Amador, au desespoir, courut sur-le-champ

M. de Lamerville avait constitué son neveu Amador de Lamerville son légataire universel, sous la condition expresse qu'il épouserait madame de Simiane. Si son neveu se refusait

Anaïs était arrivée depuis huit jours, et n'avait pas encore paru au sallon. Madame de Saint-Elme la pressait en vain d'y descendre; elle craignait de rencontrer quelqu'un de sa connaissance, ou plutôt elle craignait de voir s'anéantir l'espoir flatteur qui l'avait conduite aux eaux. Elle sentait que sa première entrevue avec M. de Lamerville devait être décisive, et, par cette raison, elle en retardait sans cesse le dangereux moment. Si l'incertitude est plus cruelle

Quand on eut cédé au premier élan d'admiration que l'aspect de la marquise avait causé, il s'entama une discussion littéraire. Anaïs, qui craignait, en s'y mêlant, de se décéler, accepta une carte de whist. M. de Lamerville s'arrangea pour être son partenaire. Plus occupé de la marquise que de son jeu, il fit beaucoup de fautes; mais Anaïs ne lui en reprocha aucune.