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Si Racine n'a pas trop cruellement souffert dans sa vie si tourmentée, tant mieux pour lui! Et si sa souffrance s'est dissipée en chefs-d'œuvre, s'il a été insensible et dur au point d'écrire Phèdre et Bajazet, tant mieux pour nous!

Elle est venue de Salonique, comme celle qui, au nombre de deux mille âmes environ, habite Uskub; elle est par suite entièrement composée de juifs espagnols ou «sephardim», comme on dit ici; on sait que les juifs se divisent en deux branches: les «Sephardims» ou juifs espagnols, venus en Turquie au XVe siècle, au moment Ferdinand le Catholique les expulsait d'Espagne et le sultan Bajazet les accueillait, et les «Achkenazims» ou juifs allemands, venus de Russie et de l'Europe centrale.

Vous voyez comment sous cette plume une impression juste et neuve s'enfle, s'exagère, se tourne en fantaisie. M. Weiss a l'admiration naturellement hyperbolique. Tout le monde convient que l'exposition de Bajazet est des plus habiles: si M. Weiss la rencontre en chemin, elle devient la merveille unique entre toutes». On sait que Perrault fut un esprit curieux et original, et nous goûtons tous la grâce parfaite des Contes de fées. Mais, pour M. Weiss, Perrault est «l'un des beaux génies de son siècle». Les quarante pages des Contes sont «les plus nourries de choses et de notations diverses, les plus légères d'allure qu'on ait écrites dans notre langue».(M. Weiss fait une terrible consommation de superlatifs absolus.) Puis voici un mystère: «Perrault en écrivant les Contes, fit du pur moderne... Oh! que tout dans ces contes est bien en effet spontané et modernePourquoi «moderne»? en quoi «moderne»? C'est que «moderne» est piquant. Nous voyons un peu après que «Perrault contraste avec l'ensemble du XVIIe siècle en ce qu'il est en ses contes un poète de la maison, des choses familières, domestiques, intimes, comme de l'enfance». C'est sans doute en cela qu'il est «moderne». Mais l'est-il donc

Ce qu'il y a de romantique, au meilleur sens du mot (qui n'est pas le plus juste), dans Bajazet, c'est l'intelligence de l'histoire et de la couleur locale, et c'est aussi la grande tuerie du cinquième acte. Je ne sais si M. Deschanel n'exagère pas un peu la turquerie de la pièce. La «couleur locale» chez Racine est un point sur lequel on reviendra et qui veut être traité dans des réflexions d'ensemble sur son théâtre. Mais, puisque l'ingénieux critique était en train, il aurait bien pu soutenir que Bajazet est tout aussi Turc que les autres. Bajazet veut bien mentir jusqu'

Dans ce drame tout le monde ment, la petite princesse Atalide est encore celle qui ment le plus. Mais, outre qu'elle a la même excuse que Bajazet, on lui en veut moins parce qu'elle est femme. Je crois bien, d'ailleurs, que nul ne souffre plus qu'elle: elle a constamment le cœur dans un étau. Songez

La langue n'est pas moins transformée que l'idée; de molle et de langoureuse qu'elle était dans Andromaque, dans Bajazet ou dans Phèdre, elle devient nerveuse comme le dogme, majestueuse comme la prophétie, laconique comme la loi, simple comme l'enfance, tendre comme la componction, embaumée comme l'encens des tabernacles; ce ne sont plus des vers qu'on entend, c'est la musique des anges; ce n'est plus de la poésie qu'on respire, c'est de la sainteté.

B. ZIZIM (Djem), fils de Mahomet II, empereur des Turcs, et frère puîné de Bajazet. Il disputa l'empire

On n'est pas Ferocino pour rien. Une douce voix de gondolier roucoule dans le lointain: il paraît que le grand canal de Venise traverse la forêt vierge. Felice gondoliere! s'écrie Ferocino avec amertume; il ne connaît pas le pene di amore! Ainsi le terrible Bajazet s'arrêta un jour avec mélancolie devant un pâtre qui soufflait nonchalamment dans ses pipeaux champêtres.

En remontant toujours le cours de la même rivière, les rochers s'écartent un peu pour faire place aux ruines d'un vieux château fort fut retenu longtemps prisonnier l'infortuné sultan Djem, frère du sultan Bajazet. Cette sinistre ruine est pleine encore des souvenirs des malheurs et des amours de ce prince ottoman avec la belle fille de son geôlier.

D'abord par le lointain des personnages et ce que Racine appelle leur «dignité» (préface de Bajazet). Chose curieuse, Racine nous donne de la dignité esthétique une définition très rapprochée de celle que Sully-Prudhomme, dans la Justice, nous a donnée de la dignité morale. Sully nous dit que ce qui fait la dignité morale de l'homme, c'est qu'il est l'aboutissement, le produit et le représentant d'une série infinie d'efforts. De même, ce qui fait la dignité esthétique des personnages de Racine, c'est qu'ils sont représentatifs, eux aussi; représentatifs d'époques passées, et de pays lointains, et de plusieurs époques, et de plusieurs civilisations. Et ce que Racine appelle leur «dignité», nous l'appelons leur «poésie», et c'est par l