United States or Belize ? Vote for the TOP Country of the Week !


»Un parti comme le nôtre doit s'affirmer sans cesse; il doit prouver son existence par une action continue. Nous interviendrons dans l'affaire Pyrot; mais nous y interviendrons révolutionnairement; nous exercerons une action violente.... Croyez-vous donc que la violence soit un vieux procédé, une invention surannée, qu'il faille mettre au rancart avec les diligences, la presse

Sans doute, sans doute, répliqua le père Cornemuse en secouant la tête; mais-je vous avoue que le soin de distiller des simples m'a détourné de suivre les affaires publiques. Je sais seulement qu'on parle beaucoup d'un certain Pyrot. Les uns soutiennent qu'il est coupable, les autres affirment qu'il est innocent, et je ne saisis pas bien les motifs qui poussent les uns et les autres

Toute la Pingouinie apprit avec horreur le crime de Pyrot; en même temps, on éprouvait une sorte de satisfaction

Monsieur le ministre, je viens d'examiner l'affaire des quatre-vingt mille bottes de foin. On n'a pas de preuves contre Pyrot. Qu'on en trouve, répondit Greatauk, la justice l'exige. Faites immédiatement arrêter Pyrot.

Très haut de taille et de pensée, il avait un respect de lui-même et d'autrui qui se manifestait par une froide politesse ainsi que par une redingote noire très mince et un chapeau de haute forme, dont sa personne se montrait émaciée et sublimée. Il prenait ses repas dans un petit restaurant déserté par tous les clients moins spiritualistes que lui, seule désormais sa serviette reposait, ceinte de son coulant de buis, au casier désolé. En cette gargotte, un soir, le mémoire de Colomban en faveur de Pyrot lui tomba sous les yeux; il le lut en cassant des noisettes creuses, et tout

Qu'est-ce que cela? demanda le ministre étonné Des preuves contre Pyrot, répondit avec une patriotique satisfaction le général Panther. Nous n'en possédions pas quand nous l'avons condamné: nous nous sommes bien rattrapés depuis.

Ayant étudié attentivement, dit-il, les papiers saisis chez Pyrot, notamment ses livres de dépense et ses cahiers de blanchissage, j'ai reconnu que, sous une banale apparence, ils constituent un cryptogramme impénétrable dont j'ai pourtant trouvé la clé. L'infamie du traître s'y voit

Quelques semaines après la condamnation des sept cents pyrots, un petit homme myope, renfrogné, tout en poil, sortit un matin de sa maison avec un pot de colle, une échelle et un paquet d'affiches et s'en alla par les rues collant sur les murs des placards se lisait en gros caractères: Pyrot est innocent, Maubec est coupable. Son état n'était pas de coller des affiches; il s'appelait Colomban; auteur de cent soixante volumes de sociologie pingouine, il comptait parmi les plus laborieux et les plus estimés des écrivains d'Alca. Après y avoir suffisamment réfléchi, ne doutant plus de l'innocence de Pyrot, il la publiait de la manière qu'il jugeait la plus éclatante. Il posa sans encombre quelques affiches dans les rues peu fréquentées; mais arrivé aux quartiers populeux, chaque fois qu'il montait sur son échelle, les curieux amassés sous lui, muets de surprise et d'indignation, lui jetaient des regards menaçants qu'il supportait avec le calme que donnent le courage et la myopie. Tandis que sur ses talons les concierges et tes boutiquiers arrachaient ses affiches, il allait traînant son attirail et suivi par les petits garçons qui, leur panier sous le bras et leur gibecière sur le dos, n'étaient pas pressés d'arriver

Quelques-uns pourtant furent mis sous les yeux du public. Mais les protestations de Pyrot ne touchaient personne, puisqu'on avait publié ses aveux.

La Pingouinie était, depuis de longs mois, partagée en deux camps, et, ce qui peut paraître étrange au premier abord, les socialistes n'avaient pas encore pris parti. Leurs groupements comprenaient presque tout ce que le pays comptait de travailleurs manuels, force éparse, confuse, rompue, brisée, mais formidable. L'affaire Pyrot jeta les principaux chefs de groupes dans un singulier embarras: ils n'avaient pas plus envie de se mettre du côté des financiers que du côté des militaires. Ils regardaient les grands et les petits juifs comme des adversaires irréductibles. Leurs principes n'étaient point en jeu, leurs intérêts n'étaient point engagés dans cette affaire. Cependant, ils sentaient, pour la plupart, combien il devenait difficile de demeurer étranger