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Après avoir découvert avec tant de perspicacité le mobile auquel obéissait M. Becq de Fouquières, son entêté contradicteur ajoute: «Ils ont prétendu qu'André avait été amoureux d'un grand nombre de femmes... Il n'en était pourtant rien, et ce qui le prouve, c'est la fraîcheur, c'est la vivacité de l'amour qu'il exprime. Un homme blasé par les plaisirs, rassasié de maîtresses, n'a plus l'imagination si fraîche, si ardente, si fécondeQu'en dites-vous?... Mais il ne s'en tient pas l

«Cet homme sent la pipeavait dit M. de Chénier pour expliquer son antipathie. En effet, il n'aimait pas le tabac, et il gardait depuis sa jeunesse la certitude que les fumeurs étaient tous des débauchés et des romantiques. M. de Fouquières, qui portait des moustaches, lui parut l'un et l'autre. M. de Chénier avait les moeurs du jour en abomination. On n'aurait pas pu lui tirer de la tête cette idée que la débauche est une invention contemporaine. Il l'attribuait

M. Becq de Fouquières l'était allé voir autrefois, avant de rien publier. Mais, dès la première entrevue, il avait été traité en ennemi.

[Illustration: M. André de Fouquières

M. Becq de Fouquières dut sourire doucement des raisons du vieillard. J'ai le droit d'en sourire aussi peut-être; car, précisément, j'ai lu Sapho au collège, dans un petit volume de l'édition Boissonnade, ou la pauvre poétesse tenait fort peu de place. Hélas! le temps n'a respecté qu'un petit nombre de ses vers. J'ajouterai que, plus tard, ce même volume passa, avec le reste de ma collection des poètes grecs, dans la bibliothèque du père Gratry, de l'Oratoire, dont l'ardente imagination se nourrissait de science et de poésie. Au fait, que croyait donc M. Gabriel de Chénier des poésies de Sapho? S'imaginait-il, par hasard, qu'il y eût dans ces beaux fragments de quoi ternir l'innocence, déj

C'est ce que pensait, sans doute M. Becq de Fouquières. Il était indulgent: car il savait que les hommes ne valent que par les passions qui les animent, et qu'il n'y a de ressources que dans les fortes natures. Il avait vu son dieu, son André, jeter d'abord au hasard les flammes de son ardente jeunesse.

Ce pauvre M. de Chénier n'était pas capable de faire une bonne édition: il faut pour cela savoir douter; et c'est ce qu'il ignorait le plus, bien qu'il ignorât généralement toutes choses. Son édition est pourtant utile. On la recherche justement, moins encore parce qu'elle est bien imprimée que parce qu'elle contient plusieurs morceaux inédits, tirés des manuscrits conservés dans la famille. M. Becq de Fouquières fit un petit volume tout exprès pour relever les bévues de M. de Chénier. Il les releva avec autant de sûreté que de grâce. Il y mit du savoir et n'y mit point de méchanceté. Il fallait qu'il fût attaqué injustement pour qu'on sût

Le vrai moyen de le goûter tel qu'il est dans ce mince volume, que, dix ans plus tard, il eût peut-être désavoué, c'est de le lire dans une bonne édition, comme celle du diligent Becq de Fouquières, donnant en notes la clef de ses imitations et réminiscences. C'est alors comme notre bibliothèque grecque et latine qui s'anime, qui vit, qui prend une voix, et qui chante autour de nous. Tous les bruits clairs et doux des mers d'Ionie, des vallons de Sicile, des côtes de Baies viennent

M. André de Fouquières, auquel sa réputation de Parisien averti a réservé aux

Je le proclame heureux et digne d'envie. Il est mort, mais il a vécu une pleine vie, il a achevé son oeuvre et élevé son monument. C'est de M. Becq de Fouquières que je parle. Combien j'estimais, combien j'enviais cet honnête homme qui fut l'homme d'un seul livre! Je ne l'avais jamais vu. Une fois seulement et trop tard, il me fut donné de le rencontrer. Ce fut sur une petite plage normande je passais l'été, voil