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Philippe avoit raison: après les nouvelles que je venois de recevoir, il m'eût été impossible de prolonger mon absence; je maudissois mon voyage; j'aurois donné tout ce que je possédois pour pouvoir franchir en une minute l'intervalle qui me séparoit de Paris. Pauvre Adèle! malheureuse Adèle! est-ce devant moi qu'on a besoin de te justifier? Ne connois-je donc pas le monstre auquel le sort t'a soumise? Ne sais-je donc pas tout ce que peut la vengeance d'une femme?... Ce rendez-vous auquel arrive M. de Farfalette, son air d'assurance, ses discours, me paroissent extraordinaires; je cherche en vain

Mon tuteur, assez fatigué de moi, parce que je n'avois point de fortune, vint me dire un matin qu'il falloit épouser M. de Vernon. Je l'avois vu pour la première fois la veille; il m'avoit souverainement déplu; je m'abandonnai au seul mouvement involontaire que je me sois permis de montrer en ma vie; je résistai avec assez de véhémence; mon tuteur me menaça de me faire enfermer pour le reste de mes jours dans un couvent, si je refusois M. de Vernon; et comme je ne possédois rien au monde, je n'avois point l'espoir de m'affranchir de son despotisme. J'examinai ma situation; je vis que j'étois sans force; une lutte inutile me parut la conduite d'un enfant; j'y renonçai, mais avec un sentiment de haine contre la société qui ne prenoit pas ma défense, et ne me laissoit d'autres ressources que la dissimulation. Depuis cette époque, mon parti fut irrévocablement pris d'y avoir recours, chaque fois que je le jugerois nécessaire. Je crus fermement que le sort des femmes les condamnoit

Si vous m'ôtez l'émulation de vous plaire, si des entretiens fréquens avec vous ne raniment pas mon esprit découragé, ne me rendent pas le libre usage des qualités et des talens que je possédois peut-être, mais que je perds sans vous, que ferai-je dans la vie? comment serai-je distingué dans aucun genre? comment avancerai-je vers un but glorieux, quel qu'il soit?

Dès ce moment je fis partie de la petite famille. Nous réunissions entre nous trois tout ce qu'il faut, non-seulement pour fonder une société, mais encore pour la civiliser et l'instruire. L'un étoit excellent cultivateur, l'autre bon musicien et bon littérateur; et moi, outre l'art de la menuiserie, je possédois quelques connoissances en mathématiques, et j'étois passable dessinateur.