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Mis à jour: 12 juin 2025
Lassés du poids du jour et du poids des ennuis, Quand le repas fut fait, que le voile des nuits Eut ouvert, sous le ciel, ses grands replis humides, L'exilé d'Acadie et ses sauvages guides Livrèrent au repos leurs membres fatigués. Pendant que les reflets capricieux et gais Du brasier allumé dans la vaste prairie Jouaient sur leur front blême et leur joue amaigrie, La Sauvagesse, vint, l'âme pleine de deuil, S'asseoir sur le gazon devant l'agreste seuil De la tente où veillait la triste Evangéline, Puis elle fit entendre
A travers les forêts, les campagnes fleuries, A travers les vallons et les vertes prairies, Sur les sables ou l'onde ils s'en allaient errants, Cherchant, de toutes parts, leurs amis, leurs parents. Parmi ces fugitifs la belle Evangéline, Semblable, en ses ennuis au cyprès qui s'incline Sur la fosse profonde où dort un malheureux, Allait avec Félix son guide vertueux.
Le bon vieillard chantait d'un ton mélancolique Des refrains de chansons, des couplets de cantique, Ainsi que ses aïeux, jadis, avaient chanté, A l'ombre de leur bois, sous leur ciel enchanté, Leur ciel de Normandie. Et son Evangéline, Portant jupe rayée et blanche capeline Filait, en se berçant, une filasse d'or. Le métier dans son coin se reposait encor. Mais le rouet actif mêlait avec constance, Son ronflement sonore
Alors Evangéline,
Sur les ailes du temps s'envolaient les saisons. La pauvre Evangéline, aux lointains horizons, Ne voyait pas encor le bonheur apparaître. Un profond désespoir consumait tout son être, Sous les feux des étés, les frimas des hivers, Elle traîna sa peine en bien des lieux divers. Tantôt on la voyait aux missions moraves, Priant Dieu de briser ses terrestres entraves; Sur un champ de bataille aux malheureux blessés Tantôt elle portait ses secours empressés; Elle entrait aujourd'hui dans une grande ville, Et demain se cachait dans un hameau tranquille. Comme un pâle fantôme on la voyait venir, Et souvent de sa fuite on n'avait souvenir. Quant elle commença sa course longue et vaine Elle était jeune et belle et son âme était pleine De suaves espoirs, de tendres passions; Sa course s'achevait dans les déceptions! Elle avait bien vieilli; sa joue était fanée; Sa beauté s'en allait! Chaque nouvelle année Dérobait quelque charme
Evangéline en pleurs resta pieusement Près des restes sacrés de on fidèle amant. Une dernière fois, dans l'angoisse abîmée, Elle prit dans ses mains la tête inanimée, Doucement la pressa contre son coeur transi Et dit, penchant son front: O mon père merci!
Cependant du village un grand trouble s'empare, Car on sait des anglais la conduite barbare; Et les yeux tout en pleurs, tremblants, épouvantés, Les femmes, les enfants courent de tous côtés. Longtemps Evangéline attendit son vieux père, A la porte, debout, sous l'auvent solitaire, Tenant sa main ouverte au-dessus des yeux Afin d'intercepter les reflets radieux Du soleil qui versait des torrents de lumière Dans les chemins du bourg et sur l'humble chaumière Dont il couvrait le toit d'un brillant chaume d'or; Du soleil que semblait vouloir jeter encor Un long regard d'amour sur cette noble terre Que venait d'enchaîner l'égoïste Angleterre. Sur la table était mise une nappe de lin: Déj
Plusieurs avaient connu, dans le bourg de Grand Pré La jeune Evangéline et le pieux curé. Quelles ne furent pas, sous le toit du vieux pâtre, De tous ces exilés réunis au même âtre La joie et la surprise, en serrant sur leur coeur, Ces amis d'autrefois que le même malheur Avait disséminés sur de lointaines plages!
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