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Pour vous prier de me le pardonner, fit-elle en baissant la tête. Je ne vous en ai jamais voulu, dit-il gravement, et vos paroles d'aujourd'hui me remplissent d'une joie profonde. Vous êtes maintenant ce que vous deviez être, la digne fille de vos parents... Oh! non, fit tristement la jeune fille. Je sais combien je suis différente de ma mère... Vous souvenez-vous du temps je la méconnaissais?

Toi, répéta Pelo Rouan, qui serra la jeune fille sur son coeur avec exaltation; toi, enfant? Merci! du fond du coeur! Tu as fait tout ce que j'aurais faire. Tu l'as aimé, lorsque moi je le haïssais aveuglément, tu l'as deviné, lorsque je le méconnaissais... Pardon, ajouta-t-il en revenant vers Didier qui restait ébahi et n'avait garde de comprendre; pardon, notre monsieur Georges.

Trente-six ans se sont écoulés. Dans ce long intervalle, j'ai pris part, pendant dix-huit ans, au travail de ma génération pour la fondation d'un gouvernement libre. J'en ai quelque temps porté le poids. Ce gouvernement a été renversé. J'ai ainsi éprouvé moi-même l'immense difficulté et subi le douloureux insuccès de cette grande entreprise. Pourtant, et je le dis sans hésitation sceptique comme sans modestie affectée, je relis aujourd'hui ce que j'ai écrit en 1821, sur les moyens de gouvernement et d'opposition dans l'état actuel de la France, avec une satisfaction presque sans mélange. J'exigeais beaucoup du pouvoir, mais rien, je crois, qu'il ne lui fût possible et nécessaire d'accomplir. Et malgré ma jeune confiance, je ne méconnaissais point, même alors, qu'il y avait encore d'autres conditions au succès: «Je n'ai point dessein, disais-je, de tout imputer, de tout demander au pouvoir lui-même. Je ne lui dirai pas, comme on le fait souvent; Soyez juste, sage, ferme, et ne vous inquiétez de rien. Le pouvoir n'est pas libre d'être ainsi excellent

J'étais seul, délicieusement seul et amoureux sans amour. J'étais parfaitement heureux et ne m'apercevais pas que je torturais ma soeur Louise dont je méconnaissais l'affection. J'étais libre. A cause des difficultés de ravitaillement, notre table était la plus frugale du monde. Nous vivions d'oeufs, de pommes de terre, de fromage. Le dimanche nous valait le luxe d'un poulet.