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Ah! si ma qualité me doit estre importune, Destins diminuez l'esclat de ma fortune: Ostez moy les grandeurs & ce nom si fameux Dont aujourd'huy la pompe est contraire

Je rends graces aux Dieux de ce que dans l'orage Chacun de vous conserve un genereux courage; C'est beaucoup de dompter avec les ennemis, Les extremes dangers l'honneur nous a mis; C'est beaucoup, il est vray, puis que cette victoire Nous fait des monumens au Temple de memoire: Mais il faut persister, & ne s'arrester pas Que nous n'ayons trouvé la paix ou le trespas. Je veux dire une paix qui purge nostre terre Par la mort des Tyrans des semences de guerre: Paix qui rende l'esclat

Pendant les premiers temps de ma gloire passée, L'esclat je vivois esblouit ma raison, Je me plaisois

Mais ainsi que l'esclat du celeste flambeau Qu'on voit apres l'orage & plus clair, & plus beau, Les divines clartez des yeux de Pamphilie Viennent chasser l'horreur de ma melancholie, Et par les doux regards de ces astres d'amour Dans mon adversité me rendre un plus beau jour.

Madame: Les prisons sont des champs Elisées, Quand vos divins regards les ont favorisées, Au lieu que les Palais vos yeux ne sont pas, Ne sont que des Enfers regne le trespas. Mais par quelle faveur, & de quel bon Genie Ay-je aujourd'huy receu cette grace infinie Qu'un Astre dont l'esclat est si doux

Ha! laissez ce dessein indigne d'un bon coeur, Qui terniroit l'esclat de vostre gloire extreme; Un vaincu doit avoir le maintien d'un vainqueur, Et ne perdre jamais l'Empire de soy-mesme. Quoy, le monde ravy de vos premiers progrez, Vous verra succomber

Ha! que la trahison est innocente & belle! Et la fidelité blamable & criminelle, Quand leur effect regarde un Tyran, & des Dieux, Qui n'ont rien que d'horrible & de pernicieux, Qu'il est doux de sortir d'un joug si detestable, Pour entrer soubs les loix d'un Monarque adorable Qui tient dedans les Cieux son Palais & sa Cour; Et qui n'est que douceur, que justice, & qu'amour. Ha! si vous connoissiez, ma chere Pamphilie, La nuit vostre erreur vous tient ensevelie, Et si par le secours de cét astre charmant, Dont l'esclat m'a tiré de mon aveuglement, Vous pouviez recevoir un rayon de la grace, Qui met dedans mon coeur une si noble audace Qu'au prix de vostre sort vous beniriez le mien, Que vous estimeriez le bonheur d'un Chrestien? Et que pour en porter les glorieuses marques, Vous feriez peu d'estat de celles des Monarques. C'est par ce beau moyen que je veux en ce jour, Vous témoigner, Madame, un veritable amour, Et vous faire advouer que je ne fus volage, Qu'affin de vous cherir

Que me sert que toute la terre Soit pleine du bruit de ses faicts, Et qu'il ayt mis par tout la paix Si parmy ce repos seule je suis en guerre: Qu'il soit le plus grand des Guerriers, Qu'il soit tout couvert de lauriers, Il ternit tout l'esclat d'une pompe si belle Chimene reprens doncq ta premiere rigueur Il est victorieux, mais il est infidelle: Et par cette raison il n'est pas ton vainqueur.