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»Doña Henriette était si confuse et si éperdue du marché que je venais de conclure, qu'elle ne pouvait assez m'exprimer son déplaisir; mais, enfin, malgré toutes ses remontrances et ses prières, je tins ferme, et Meluza me fit apporter un habit d'esclave dont je m'habillai. Il me conduisit dans la chambre de sa femme

»Meluza, en effet, fut touché du récit d'une trahison si inconcevable, et, sans m'en rien dire, il s'informa de sa nouvelle esclave du nom de mon père; il lui écrivit aussitôt tout ce qu'il savait de mes malheurs.

»Elle en parut touchée et me promit qu'elle adoucirait le temps de ma servitude par tous les bons traitements qu'elle me pourrait faire. »Le soir, quand Mendez fut de retour, Meluza le fit appeler et lui dit que, comme il était de Séville, il lui voulait faire voir une esclave qu'il avait achetée, parce qu'il la connaîtrait peut-être.

»Un jour que Meluza revenait de course, il ramena plusieurs personnes de l'un et l'autre sexe qu'il avait prises, mais entre autres une jeune fille de condition, qui était de Séville et que je connaissais. Cette vue renouvela toutes mes douleurs; elle fut fort surprise de me trouver dans ce triste lieu. Nous nous embrassâmes tendrement, et comme je gardais un profond silence: «Comment, belle Marianne, me dit-elle, êtes-vous si indifférente pour vos proches et pour votre patrie, que vous n'ayez aucune curiosité d'en apprendre des nouvellesJe levai les yeux vers le ciel, et poussant un profond soupir, je la priai de me dire si l'on ne savait point en quel lieu Mendez et Henriette étaient péris. Qui vous a dit qu'ils soient péris? reprit-elle. Ils sont

»Meluza et sa femme avaient pitié de moi: ils ne doutaient point que Mendez ne fût péri. Ils me traitaient moins cruellement que ces gens-l

»Deux années entières s'écoulèrent sans que je reçusse ni nouvelles ni secours de Mendez; ce qui me fit croire, avec beaucoup d'apparence, qu'Henriette et lui étaient péris sur mer. Je leur avais donné toutes les pierreries que Meluza m'avait laissées; mais ce n'était pas leur perte ni celle de ma liberté que je regrettais, c'était mon cher amant et ma fidèle amie, dont le souvenir m'occupait sans cesse et me causait une affliction sans égale. Je n'avais plus de repos ni de santé, je pleurais nuit et jour; je refusais de sortir d'esclavage en négligeant d'écrire