United States or France ? Vote for the TOP Country of the Week !


Dans toutes les opérations intellectuelles que nous venons de signaler, et qui constituent la composition réfléchie, l'allure mentale est toujours la même. L'esprit va de l'abstrait au concret, et c'est justement en cela que consiste son labeur. Dans des analyses d'une étonnante pénétration, H. Bergson a montré comment s'opère cette évolution psychique .

Pouvons-nous voir dans l'inconcevabilité du contraire le critérium dernier de la vérité? Oui, certes, tant que notre esprit monte ou descend l'échelle abstractive, tant que nous passons soit de l'abstrait au concret, soit du concret

Ces concepts, recueillis de sensations diverses, ces unités intellectuelles représentent des choses qui ne sont pas, ou qui sont autrement dans la réalité quo dans la pensée, puisque le concret diffère de l'abstrait, et ils ne décrivent les objets que tels que les veut l'esprit.

Mais, Ariste, je vous ai assez fait voir, et sous divers aspects, que l'abstrait dans les mots n'est qu'un moindre concret. Le concret, aminci et exténué, est encore le concret. Il ne faut pas tomber dans le travers de ces femmes qui, parce qu'elles sont maigres, veulent passer pour de purs esprits. Vous imitez les enfants qui d'une branche de sureau ne gardent que la moelle pour en faire des marmousets. Ces marmousets sont légers, mais ce sont des marmousets de sureau. De même, vos termes qu'on dit abstraits, sont seulement devenus moins concrets. Et si vous les tenez pour absolument abstraits et tout tirés hors de leur propre et véritable nature, c'est pure convention. Mais, si les idées que représentent ces mots ne sont pas, elles, des conventions pures; si elles sont réalisées autre part qu'en vous-même, si elles existent dans l'absolu, ou en tout autre imaginaire lieu qu'il vous plaira désigner, si elles «sont» enfin, elles ne peuvent être énoncées, elles demeurent ineffables. Les dire, c'est les nier; les exprimer, c'est les détruire. Car, le mot concret étant le signe de l'idée abstraite, celle-ci, aussitôt signifiée, devient concrète, et voil

Les systèmes du panthéisme moderne occupent les degrés intermédiaires entre notre catégorie de la substance et notre catégorie de l'esprit. Ils se groupent autour de la notion du but. L'Idée absolue que Hegel place au sommet de sa philosophie, ne diffère pas essentiellement du but, tel que nous l'avons défini. Au fond, le système de Hegel est plus clair, plus intuitif que ceux de ses devanciers, parce qu'il repose sur une idée plus voisine de celle que l'homme réalise et qu'il comprend. Mais s'il est plus clair que le spinosisme, par exemple, il n'est pas encore bien clair, ce système illustre, attendu qu'il se meut encore dans l'abstrait, et qui dit abstrait, dit impossible. Toutes les conditions de l'être ne sont pas encore réunies dans l'absolu de Hegel. Hegel ne s'est pas aperçu ou n'a pas voulu s'apercevoir qu'un but suppose une intelligence qui le conçoit et une volonté qui le pose. L'Idée dont il fait son Dieu produit incessamment les moyens, les milieux de sa propre réalisation. Elle vit dans la Nature et s'accomplit dans l'Histoire. C'est bien, mais la pensée ne demande pas moins impérieusement

Pour qu'il en fût autrement il faudrait qu'il y eût des mots absolument abstraits de tout sensualisme; et il n'y en a pas. Les mots qu'on dit abstraits ne le sont que par destination. Ils jouent le rôle de l'abstrait, comme un comédien représente le fantôme, dans Hamlet.

Remarquons en outre que la marche de l'abstrait au concret étant progressive, est esthétiquement supérieure. Si l'image nous est présentée la première, nous avons le regret de la voir se décolorer, perdre la netteté de ses contours, se fondre en simples métaphores, et finalement faire place

Et si je connais que c'est avec les restes effacés et dénaturés d'images antiques et d'illusions grossières, qu'on représente l'abstrait, aussitôt l'abstrait cesse de m'être représenté, je ne vois plus que des cendres de concret et, au lieu d'une idée pure, les poussières subtiles des fétiches, des amulettes et des idoles qu'on a broyés.

Cette importante corrélation est certainement, comme l'observe avec raison Laplace, un des plus beaux exemples de cette harmonie nécessaire entre l'abstrait et le concret, dont la philosophie mathématique nous a offert tant de vérifications admirables.

L'action pratique ne s'inquiète que du concret, du particulier, du multiple: le pluralisme est sa loi. La théorie, par contre, ne se soucie que de l'abstrait, du général, du semblable: sa loi est le monisme, l'identité rationnelle ou logique. Poursuivre dans l'au-del